Marchés Financiers

12/02/2025 : Le point sur les marchés financiers février 2025

 

Janvier a été un mois de transition pour l'économie mondiale, marqué par l'attente de l'installation de l'administration Trump le 20 janvier, suivie de la signature de 45 décrets présidentiels et des premières annonces, notamment une augmentation des droits de douane sur les produits mexicains, canadiens et chinois.
Pendant ce temps, l'Europe souffre toujours d'un manque de dynamisme économique, tandis que la Chine semble garder ses cartes en main pour se positionner face aux États-Unis.
Au Proche-Orient, un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a été annoncé et a permis la libération de plusieurs otages ainsi que l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne.
En Ukraine, l'armée russe progresse après plusieurs mois de repli, renforçant ainsi la position de négociation de Vladimir Poutine face à Donald Trump et aux Européens.

 
Les marchés financiers affichent une tendance globalement positive : les taux d’intérêt reculent, les actions et les matières premières progressent, et le dollar se stabilise.

Quelles perspectives pour les marchés ?

 

Zone Euro

Les dernières statistiques révèlent une stagnation de la zone euro, avec une croissance du PIB réel de 0,9 % au quatrième trimestre, caractérisée par de fortes disparités. L'Espagne a enregistré une croissance trimestrielle de +0,8 %, tandis que l'Allemagne et la France ont subi des reculs de -0,2 % et -0,1 %, respectivement. L'Allemagne, confrontée à un ralentissement, a révisé ses prévisions de croissance pour 2025, les abaissant de 1,1 % à 0,3 % (voire 0,2 % selon la Bundesbank). La France est confrontée à des incertitudes politiques et à une augmentation du chômage au quatrième trimestre, tandis que l’impact économique des Jeux Olympiques semble s’estomper. Les enquêtes PMI1 de décembre continuent d'indiquer une contraction de l'industrie manufacturière, bien qu'une stabilisation soit observée. Parmi les principaux risques pesant sur l'activité figurent une baisse de la confiance, des tensions géopolitiques et des conditions de financement difficiles.
L'inflation annuelle dans la zone euro a atteint 2,5 % en janvier 2025, contre 2,4 % en décembre 2024. Les services affichent le taux d’inflation le plus élevé à 3,9 %, principalement en raison de la hausse des prix de l'énergie. La Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé à l'unanimité d'abaisser son taux de dépôt de 25 points de base, le portant à 2,75 %. Christine Lagarde a toutefois averti que l'activité économique resterait faible à court terme, avec des risques orientés à la baisse. Néanmoins, la BCE estime que l'augmentation des revenus réels et l'atténuation progressive des effets de la politique monétaire restrictive pourraient favoriser une reprise de la demande.
Au Royaume-Uni, la dynamique économique est restée faible avec une baisse des ventes de détail et des perspectives négatives sur le secteur industriel. L’indice des prix à la consommation est ressorti à 2,5 % tandis que l’inflation-cœur a atteint 3,5 %. La Banque d'Angleterre a maintenu son taux d'intérêt directeur à 4,75 %.

 

Etats-Unis

L'économie américaine a conservé une dynamique positive en janvier. Les indicateurs avancés ont montré des signes d'amélioration : l'indice ISM manufacturier a atteint un sommet à 49,2 en décembre, son plus haut niveau depuis 9 mois, dépassant les attentes de 48,4, avec des nouvelles commandes au plus haut depuis 11 mois. La production industrielle a également été plus forte que prévu. Les perspectives demeurent encourageantes dans le secteur des services, où l'ISM a grimpé à 54. Le taux de chômage a baissé à 4,1 % en décembre, tandis que les demandes d'allocations chômage se situent en ligne avec la moyenne des trois dernières années.
La publication du PIB pour le quatrième trimestre révèle une croissance inférieure aux attentes, s'établissant à 2,3 % (contre un consensus de 2,6 %), en raison d'une contraction des stocks et d'un recul de l'investissement productif. Cependant, la consommation a été plus solide que prévu, soutenue par une baisse du taux d'épargne à 3,8 %. L'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan est resté stable. De plus, bien que le marché immobilier ait montré des signes de faiblesse au troisième trimestre, il semble rebondir malgré des taux d'emprunt hypothécaires dépassant les 7 %.
L'inflation est restée stable, avec un indice des prix (PCE) en hausse de 0,3 % en décembre, portant le taux annuel à 2,6 %. Les anticipations d'inflation à court terme ont légèrement augmenté, probablement en raison des tarifs douaniers, tandis que les prévisions à moyen terme demeurent inchangées. La Réserve fédérale (Fed) a maintenu ses taux directeurs entre 4,25 % et 4,5 %, adoptant une approche prudente. Elle considère que le marché de l'emploi est solide, mais qu'il n'est plus un moteur d'inflation. La Fed évalue également l'impact des politiques de Donald Trump avant de tirer des conclusions économiques entrainant un ajustement des anticipations de baisse de taux au deuxième semestre.

 

Chine

En Chine, la croissance a dépassé les objectifs des autorités en 2024, avec un PIB en hausse de 5,4 %. L'inflation des biens de consommation est restée proche de zéro, tandis que des pressions déflationnistes persistent ; l'indice des prix à la production (PPI) a enregistré une baisse de 2,3 % en décembre et les mesures de relance de la consommation annoncées l'année dernière n'ont pas encore eu d'effets concrets.

 

Politique monétaire des Banques Centrales

A l’occasion de sa première réunion de l’année, la Banque Centrale Européenne a poursuivi l’assouplissement de sa politique monétaire en réduisant de 25 points de base ses taux directeurs pour la cinquième fois depuis juin 2024 (à 2,75 % pour le taux de rémunération des dépôts). Si cette décision n’a pas été une surprise et avait largement été préparée par les discours récents des membres de la BCE, cette nouvelle baisse de taux se justifie dans un contexte de faible croissance et de trajectoire d’inflation bien orientée. Concernant les taux d'intérêt, elle a indiqué que si les niveaux actuels sont restrictifs, la BCE ne se situe pas encore à un point « neutre », tout en insistant sur la dépendance des décisions futures aux données économiques. La suite sera sous le signe de la prudence, alors que Christine Lagarde a insisté sur les risques liés à la politique économique de Donald Trump, déclarant ne pas vouloir s’engager ni sur le calendrier ni sur l’ampleur de l’assouplissement monétaire à venir. Son anticipation de ralentissement des salaires de la zone euro au cours de l’année 2025 devrait permettre de freiner la hausse des prix dans les services et conforter le chemin des trois baisses de taux directeurs supplémentaires anticipées par le marché d’ici septembre.
Aux Etats Unis, la Réserve Fédérale Américaine a choisi de maintenir ses taux directeurs (4,25-4,5 %), tout en se gardant de donner une indication claire pour la suite. La décision de la Banque Centrale américaine de ne pas baisser ses taux directeurs était largement anticipée puisque Jerome Powell avait déjà expliqué en décembre qu’elle entrait dans une nouvelle phase, plus prudente, de son cycle d’assouplissement monétaire. Lors de la conférence de presse, il a estimé qu’il n’était pas « urgent » pour l’institution d’ajuster la politique monétaire, qu’il juge toujours « significativement » restrictive. Il faudra davantage de preuves concernant le progrès de la désinflation pour poursuivre le cycle de baisse des taux Fed Funds. Pour la Fed, l’incertitude sur les politiques de la nouvelle administration en matière de fiscalité, d’immigration, de droits de douane et de dérégulation est très élevée et justifie d’avancer prudemment. La combinaison à la fois d’une désinflation qui se poursuit et d’une modération de l’activité économique, offrira davantage de marge de manœuvre à la Fed pour baisser ses taux. Actuellement, le marché n’anticipe que 0,35 % de baisse supplémentaire des Fed Funds.

 

Marchés obligataires

Le mois de janvier a été marqué par une forte volatilité sur les marchés de taux, principalement influencés par les nouvelles en provenance des Etats-Unis. On peut distinguer deux tendances depuis ce début d’année sur les rendements obligataires. En effet, la première quinzaine de janvier a été dominée par une tension marquée des taux souverains (environ +0,25 % sur les emprunts d’Etat à 10 ans en Europe et outre-Atlantique), entraînée par de solides données macroéconomiques aux Etats-Unis. Depuis, on observe une détente de ces rendements, d’abord en Zone Euro en lien avec le discours de la BCE soulignant à la fois le ralentissement de la croissance et de l’inflation. Le Bund allemand à 10 ans (emprunt d’Etat de référence pour la Zone Euro) s’inscrit dorénavant à 2,37 %, un niveau identique à celui de fin 2024. Aux USA, la rechute des taux souverains depuis près d’un mois est le reflet d’une révision à la baisse de la trajectoire du déficit public et du report d’un mois pour la mise en place de nouveaux droits de douane à l’encontre du Canada et du Mexique. L’espoir d’une négociation a en effet soulagé les marchés. L'OAT à 10 ans (emprunt d’Etat français) s’inscrit en nette baisse à 3,05 % portée par le vote tant attendu du budget et la baisse du risque politique à court terme. Ainsi, l’écart de rendement avec le Bund à 10 ans se détend à 0,72 %. Au Japon, suite au resserrement monétaire de la Banque Centrale, les taux souverains à 10 ans n’ont cessé de progresser depuis le début de l’année pour s’inscrire dorénavant à 1,30 %.

 
Le marché du crédit (émetteurs privés en euros) a commencé l'année sur une bonne note, la classe d'actifs restant extrêmement stable et résistante à tous les chocs, et les spreads (écart de rendement entre l’obligation et le swap de même maturité) se resserrant encore. Le marché primaire a démarré en force les deux premières semaines de l'année, mais a fortement ralenti par la suite en particulier la dernière semaine du mois, ce qui signifie que le volume global est légèrement inférieur à celui des années 2024 et 2023. Il s'élève tout de même à un total décent de 91,2 milliards d'euros. La saison des bénéfices a démarré avec vigueur, la plupart des entreprises dépassant les attentes dès les premiers jours, ce qui démontre que les fondamentaux sont toujours positifs pour les entreprises. En termes de flux dans la classe d'actifs, la demande ne faiblit pas et les investisseurs continuent d'injecter de l'argent, absorbant relativement bien les nouvelles émissions.
 

Notre gestion

Nos portefeuilles affichent toujours une sensibilité aux taux d’intérêt supérieure à leur indice de référence. D’un point de vue géographique, nous avons maintenu notre surpondération sur l’Italie, l’Espagne et le Portugal au détriment de la France dont l’incertitude politique et budgétaire n’est pas levée à moyen terme. Cependant, nous restons flexibles dans notre positionnement sur la duration, afin de tirer parti de la volatilité des marchés qui permet des prises de positions plus tactiques. Sur le marché du crédit, dans un contexte de recherche de rendement, nous maintenons une surpondération sur les émetteurs européens de bonne notation (catégorie Investment Grade) ainsi que sur les émetteurs à haut rendement sur des obligations de maturité courte (autour de 2 ans). Ces investissements sur les obligations privées nécessitent néanmoins d’être sélectifs sur la qualité et la liquidité des émetteurs, afin de bénéficier du portage attractif de cette classe d’actifs.

 

Marchés actions

En ce début d’année, les marchés se sont inscrits en hausse avec une surperformance notable des marchés actions européens par rapport aux marchés américains. Ce rattrapage de l’Europe s’explique par un excès de pessimisme et par une asymétrie de valorisation et de positionnement devenue trop importante par rapport aux marchés américains. Les investisseurs ont aussi commencé à prendre en compte certains catalyseurs potentiels, comme une politique pro-croissance de l’Allemagne post-élection, un nouveau plan de relance en Chine et un potentiel arrêt du conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui permettraient de réduire la prime de risque attachée aux marchés européens et de libérer le potentiel lié aux baisses de taux de la banque centrale européenne, à la faiblesse de l’euro et à une certaine stabilisation des données d’activité. Même si les menaces restent de mise, le fait d’échapper jusqu’à maintenant aux droits de douane a aussi été un autre élément favorable aux marchés européens. Concernant les tarifs, Donald Trump a soufflé le froid et le chaud, mais c’est le soulagement dû à l’absence immédiate de hausses généralisées des tarifs douaniers qui a prédominé. Donald Trump a ainsi annoncé imposer des droits de douane de 25 % à partir de début février sur les importations en provenance du Canada et du Mexique avant de les reporter après des concessions mineures faites par ces deux pays concernant un renforcement des effectifs de police aux frontières. Il a aussi annoncé une taxe de 10 % sur les importations chinoises, provoquant une riposte de Pékin, qui a appliqué des droits de douane ciblant des secteurs clés américains tels que l'énergie, l'agriculture et l'industrie et qui a lancé une enquête antitrust contre Google. Cette riposte est toutefois jugée mesurée et une discussion entre les présidents chinois et américain est envisagée. En dernier lieu, Donald Trump a annoncé son intention d’imposer un tarif de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium et il a également prévu d'introduire des tarifs réciproques, alignés sur les taux appliqués par d'autres pays aux produits américains. Finalement, les investisseurs ont perçu son attitude comme un signe de négociations plus transactionnelles et stratégiques. Un autre point positif pour les marchés a été la réitération par Donald Trump de mesures et de souhaits pro-croissance. Il a notamment annoncé un plan massif d’investissements dans l’intelligence artificielle et les data centers, déclaré vouloir imposer à hauteur de seulement 15 % les sociétés qui produisent aux États-Unis et souhaiter voir une baisse des taux d’intérêt et du prix du pétrole.

Outre les droits de douane, le sujet du mois a été le lancement par l’entreprise chinoise DeepSeek d’un modèle d’intelligence artificielle qui serait hautement compétitif en utilisant une fraction des ressources de calcul nécessaires pour des modèles comparables, tout en inférant à un coût bien plus faible. Cela a entraîné une vente massive des titres liés directement ou indirectement à l’intelligence artificielle dans les secteurs des semi-conducteurs, de l’électrification ou de la construction de data centers. Après la digestion de cette annonce, les titres se sont repris, car il semble beaucoup trop tôt pour conclure que les investissements de la technologie américaine dans le développement de l'IA sont exagérés. Plus probablement, la concurrence permettra une augmentation de la vitesse d’adoption et des cas d’utilisation de l’intelligence artificielle, ce qui est positif pour la croissance via les gains de productivité et l’effet déflationniste. N’oublions pas la saison des résultats d’entreprises qui débute. A ce stade, en Europe et aux États-Unis, elle s’avère positive avec respectivement 56 % et 77 % des entreprises qui battent les attentes au niveau des bénéfices. Au niveau des ventes, les chiffres sont aussi solides, avec 72 % des sociétés européennes et 54 % de sociétés américaines au-dessus des attentes. Les secteurs qui se démarquent positivement sont les financières, les valeurs des secteurs de la consommation discrétionnaire, de la technologie et de la santé.

Dans ce contexte, au 7 février, les marchés développés progressent depuis le début d’année de +3,44 % selon l’indice actions monde MSCI World (en dollar). L’indice large des actions américaines S&P500 affiche une performance de +2,52 % (en dollar), celui des actions de la zone Euro Euro Stoxx 50 de +8,89 % (en euro) et celui des actions japonaises TOPIX de -1,71 % (en yen). La performance des marchés émergents reflétée par l’indice MSCI Emerging Markets est quant à elle de +3,21 % (en dollar) depuis le début d’année. 
 

Notre gestion

Concernant notre gestion nous avons augmenté notre surpondération actions en accroissant notre position sur les actions européennes qui présentent des valorisations peu exigeantes. Outre les catalyseurs potentiels déjà évoqués, l’évolution des bénéfices au quatrième trimestre surprend positivement et les marchés européens pourraient bénéficier d’un retour des flux des investisseurs qui se sont massivement désengagés au profit des marchés américains. Au niveau de la sélection de titres, nous avons globalement augmenté la cyclicité des portefeuilles en renforçant nos positions sur le secteur de la construction, du luxe, des services logiciels et des valeurs financières, aussi bien l’assurance que la banque. A contrario nous avons diminué nos positions dans les secteurs de la distribution, des télécoms et de l’agro-alimentaire. Nous avons aussi effectué des arbitrages dans le secteur des semi-conducteurs et de l’automobile.

1PMI, pour Purchasing Managers Index, est un terme générique pour désigner des indices établis à partir d’enquêtes mensuelles auprès des directeurs d’achat des grandes entreprises des principales économies mondiales. 

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