Le point sur les marchés financiers septembre 2024
La reprise de l’activité en Europe s’est confirmée ces derniers mois, certains pays ayant compensé les performances décevantes en Allemagne.
Vendredi 11 octobre 2024
Marchés Financiers
Le mois de septembre aura été marqué par une poursuite des baisses des taux directeurs des banques centrales et des annonces importantes des autorités chinoises pour soutenir l’économie. L’inflation continue de baisser dans les principales économies avancées et les dernières statistiques publiées rassurent quant à la résilience de l’économie américaine.
Zone Euro :
En Zone Euro, le mois de septembre a confirmé une inflexion de la croissance, avec des divergences notables entre les principales économies. Le PIB de la zone euro n'a progressé que de 0,6 % en septembre, avec une économie allemande en difficulté - la Bundesbank indiquant qu’une récession en Allemagne était envisageable. Le secteur manufacturier continue de souffrir, avec l'indice PMI1 de la zone euro en contraction à 45,8.
L’Allemagne, en particulier, est affectée par un secteur industriel en récession avec un indice PMI manufacturier sorti à 40,3 bien en dessous des attentes. Les secteurs de l’automobile et de la chimie sont fortement touchés par la baisse des exportations et la concurrence chinoise. A noter, l’indice du sentiment économique ZEW allemand2 a dégringolé à 3,6 en septembre contre 19,2 en août. L’inflation en zone euro a poursuivi son recul, atteignant 2,2 % en septembre, proche de l’objectif des 2 %. L’inflation sous-jacente s’est stabilisée à 2,8 %, principalement portée par les services, alors que les prix de l’énergie et des biens manufacturés ont contribué à la baisse. En France, l’inflation est tombée à 1,2 % en rythme annualisé, bien en deçà de l’objectif.
Etats-Unis :
Aux États-Unis, les dernières statistiques publiées font état d’une résilience de l’économie américaine. Les chiffres ont démontré que le marché de l’emploi était encore solide avec des embauches en hausse (254 000 créations d’emplois vs 150 000 attendues et 159 000 en août révisé à la hausse), et un taux de chômage en baisse affiché à 4,1% vs 4,2% en août.
L’indice ISM des services3 est ressorti au-dessus des attentes en septembre (54,9 vs 51,7 attendu et 51,5 en août), porté par l’accélération des nouvelles commandes (à 59,4 vs 52,5 attendu et 53 en août) ce qui éloigne davantage les craintes de récession évoquées ces derniers mois.
L'indice des prix à la consommation (CPI) a continué de baisser, passant de 2,9 % en août à 2,5 % en septembre, alors que l'inflation sous-jacente, excluant les éléments volatils, est restée à 3,2 %. Sur le plan politique, les élections (Présidence et Congrès) le 5 novembre continuent d’ajouter de l’incertitude pour les marchés. Kamala Harris, ayant pris le relais de Joe Biden, est désormais au coude-à-coude avec Donald Trump dans les sondages. Les choix en matière fiscale et environnementale, ainsi que la politique étrangère de la future administration sont suivis de près par les investisseurs.
Chine :
En Chine, les données publiées en septembre ont été généralement en dessous des attentes et pointent vers une croissance 2024 inférieure à 5% : la production industrielle est tombée à 4,5 % tandis que les ventes de détail ont également déçu à 2,1 % contre 2,7 % précédemment.
Le marché immobilier reste la source de préoccupation majeure, avec des prix en baisse et une faible demande, ce qui pèse sur la consommation intérieure et l'emploi. Cependant, les autorités chinoises ont surpris les investisseurs en fin de mois en annonçant une série d’importantes mesures destinées à stimuler la consommation. Le volontarisme affiché du Politburo (bureau politique du parti communiste chinois) était attendu de longue date par les investisseurs et il a annoncé simultanément, des baisses de taux, une augmentation des dépenses fiscales, sa volonté de stabilisation de l’immobilier et des mesures de soutien aux marchés financiers et au pouvoir d’achat des ménages. Même si l’ampleur de la relance budgétaire reste à déterminer, les aides à la stabilisation du marché immobilier et les mesures destinées à favoriser les actions, qui sont deux composantes essentielles du patrimoine des ménages, devraient permettre un retour de la confiance du consommateur chinois.
RETOUR SUR LES PRINCIPALES CLASSES D’ACTIFS
Banques Centrales :
La désinflation se poursuit à un rythme rapide en zone euro permettant ainsi à Christine Lagarde, la présidente de la BCE, lors de son discours devant le Parlement européen d’opter pour un ton plus accommodant. Elle s’est montrée confiante dans le retour de l’inflation vers sa cible, et elle a reconnu les vents contraires à la croissance européenne dans la faiblesse des derniers indicateurs. Ceci a renforcé les attentes des investisseurs quant à une baisse de 25 points de base lors de la prochaine réunion de la BCE (17 octobre) dans le sillage également du repli de l’inflation. Plus récemment, plusieurs membres de la BCE ont pris la parole et évoqué de manière commune la possibilité pour la BCE de poursuivre son assouplissement monétaire en octobre. La majorité d’entre eux argumente en faveur d’une politique monétaire moins restrictive face au constat d’une inflation qui évolue désormais à la cible (à 2% sur un an). Ainsi le débat semble d’ores et déjà porter sur le rythme de l’assouplissement monétaire que la BCE choisira par la suite.
Le président de la Fed a également salué le ralentissement de l’inflation, malgré la baisse insuffisante de la contribution des prix des logements, et a réitéré la confiance de l’institution dans le retour de l’inflation vers la cible de 2%. La politique monétaire de la Fed, qui est encore en territoire restrictif, doit donc selon lui, devenir de plus en plus neutre pour l’économie américaine, sans toutefois s’engager sur une trajectoire de baisse de taux définie. Le 9 octobre, la publication des minutes de la dernière réunion de la Fed montre que la baisse des taux directeurs de 0,50% relevait davantage du rattrapage que de l’amorce d’un assouplissement monétaire rapide. En effet, le sentiment d’urgence a sensiblement diminué. Ceci découle des statistiques rassurantes des dernières semaines, notamment du rebond de l’ISM et des chiffres de l’emploi solides. La FED demeure confiante quant à la solidité de l’activité économique et de l’emploi. Le marché dans ses anticipations de baisses des taux directeurs est dorénavant en phase avec les projections de la FED, à savoir encore deux baisses de 0,25% chacune, d’ici la fin de l’année.
Marchés obligataires :
Entre recul de l’inflation et déclarations des membres de la BCE, le mois de septembre a vu les rendements obligataires européens poursuivre leur rallye toujours dominé par la partie courte de la courbe, le Bund à 10 ans enregistrant une détente de 0,30% alors que le taux souverain allemand reculait de 0,40% sur la même période. Le mouvement de pentification de la courbe s’est donc poursuivi. Mais depuis octobre, on assiste à une nouvelle tension des taux souverains européens contaminés par leurs homologues américains. En effet aux Etats-Unis, l’économie est encore loin de s’effondrer et est plutôt dans une phase de normalisation.
La dynamique des prix de l’or noir s’ajoute aux statistiques bien orientées, deux éléments qui ont contribué à la hausse des taux souverains américains, ainsi le rendement du T Notes à 10 ans a progressé depuis la mi-septembre de 0,45% pour s’inscrire dorénavant à 4,08%. De plus, les minutes du dernier comité de politique monétaire ont contribué au rebond des taux souverains américains et du dollar face aux principales devises, alors que les investisseurs financiers réduisent encore d’un cran leurs attentes en matière de vitesse d’assouplissement monétaire (seulement deux baisses de taux des Fed Funds anticipées d’ici fin 2024 contre trois auparavant).
Sur le marché des obligations privées, en septembre, contrairement à certaines craintes, la décision de la Fed d’abaisser de 50 points de base ses taux directeurs (et la communication associée) a rassuré sur les perspectives de croissance américaine, et par ricochet le marché du crédit. L’enclenchement du cycle de baisse des taux est aussi un élément favorable pour le refinancement, notamment des émetteurs High Yield (moins bien notés). Plus récemment, le marché du crédit a faiblement réagi à l’escalade au Moyen-Orient, contrebalancée peut-être par les mesures de stimulus annoncées par la Chine. Nous avons également noté la dynamique des green bonds, favorisée par les émissions des foncières. A fin septembre, les volumes sur les émissions privées libellées en euro dépassent les 500 milliards, en nette progression par rapport à l’année dernière.
Notre gestion :
Nous avons soldé la position vendeuse d’obligations souveraines US à 5 ans initiée cet été. Nos portefeuilles affichent dorénavant une sensibilité au taux d’intérêt supérieure à leur indice de référence. D’un point de vue géographique nous sommes toujours surpondérés sur l’Italie, l’Espagne et le Portugal au détriment de la France. Cependant nous restons flexibles dans notre positionnement en termes de duration, afin de profiter de la volatilité des marchés qui permet des prises de positions plus tactiques. Sur le marché du crédit, en raison de fondamentaux solides, nous maintenons une surpondération sur les émetteurs européens de bonne notation (catégorie Investment Grade). Ces investissements sur les obligations privées nécessitent néanmoins d’être sélectifs sur la qualité et la liquidité de l’émetteur, ils permettent ainsi de bénéficier du portage attractif de cette classe d’actif.
Marchés Actions :
Au cours du mois de septembre et en ce début octobre, les marchés ont conservé une tendance haussière. Le cycle de baisse des taux entamé par la plupart des banques centrales et le contenu de la réunion économique du Politburo chinois ont permis un regain de confiance sur l’amélioration progressive de la croissance économique mondiale. Même si les investisseurs s’interrogent sur le temps qu’il faudra pour que la baisse des taux se répercute sur l’activité économique, cette détente monétaire devrait rapidement agir comme un catalyseur positif sur le logement, la construction et la consommation des ménages.
Dans ce contexte, au 7 octobre, les marchés développés progressent depuis le début d’année de +16,08% selon l’indice actions monde MSCI World (en dollar). L’indice large des actions américaines S&P500 affiche une performance de +19,42% (en dollar), celui des actions européennes STOXX 600 de +8,45% (en euro) et celui des actions japonaises TOPIX de +15,76% (en yen). La performance des marchés émergents reflétée par l’indice MSCI Emerging Markets est quant à elle de +15,63% (en dollar) depuis le début d’année.
Sur la période récente, nous avons constaté une nouvelle rotation sectorielle avec une volonté de rajouter un peu de cyclicité et d’exposition à la croissance chinoise. C’est ainsi qu’il y a eu un net rebond de secteurs comme les matières premières et la consommation discrétionnaire, tels le luxe ou les voyages et loisirs, aux dépens de prises de profits sur des secteurs comme la pharmacie et les télécoms.
Notre gestion :
Dans nos portefeuilles, nous avons légèrement renforcé notre allocation actions en constituant une position sur les actions chinoises qui présentent une faible valorisation et qui devraient bénéficier de l’amélioration de la croissance en Chine grâce aux mesures de soutien annoncées. La forte sous performance du marché actions chinois depuis plusieurs années et un rebond de la pondération allouée par les investisseurs qui est proche des plus bas historiques sont aussi d’autres facteurs qui devraient permettre de soutenir la performance des actions chinoises. Au niveau sectoriel, nous avons procédé à quelques ajustements tactiques en prenant notamment des bénéfices sur le secteur télécoms après le bon parcours relatif des derniers mois, pour renforcer des valeurs exposées à la Chine dans le secteur technologique, industriel et dans celui de la consommation.
1 Indice des directeurs d’achats (PMI) de la zone euro (ici pour l’industrie manufacturière)
2 L'indice ZEW (Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung, centre de recherches économiques européennes) est un indicateur allemand, dit "de sentiment économique". Il mesure le niveau d'optimisme des analystes quant aux évolutions économiques prévues sur les 6 prochains mois. L'enquête concerne jusqu'à 300 analystes financiers et économiques.
3 Publié chaque mois par l'organisme américain "Institute for Supply Management, l'indice ISM est séparé en deux grandes familles : L'ISM manufacturier, qui reflète la santé du secteur aux USA et l'ISM services, plus spécifique aux activités tertiaires. Cet indice, évalué en pourcentage, résulte d'une enquête auprès de 400 entreprises portant sur des données telles que : indicateurs sur les nouvelles commandes, production, emploi, délais de livraison, prix, stock, commandes à l’export et l’import ... On considère qu’une valeur supérieure à 50% indique une expansion par rapport au mois précédent, si l’indice est inférieur à 50%, cela indiquera alors une contraction.
La reprise de l’activité en Europe s’est confirmée ces derniers mois, certains pays ayant compensé les performances décevantes en Allemagne.
En mai, les chiffres économiques américains ont fait état d’une conjoncture toujours dynamique malgré quelques déceptions. Ceux de la zone euro ont confirmé une légère amélioration à partir d’une situation très atone. La baisse de l’inflation, plus convaincante en zone euro qu’aux Etats-Unis, a conduit les marchés à anticiper le fait que la BCE entamerait probablement son cycle de baisse des taux avant la Réserve fédérale.
En avril, les dernières publications concernant l’inflation ont surpris à la hausse aux États-Unis, suscitant des préoccupations croissantes quant à l'évolution future de la politique monétaire de la FED. Pendant ce temps, en Europe, la normalisation de l’inflation se confirme et des signes d'amélioration de la croissance ont émergé après une période de stagnation.